On a beau se triturer les méninges pour comprendre les raisons de la brouille entre le Syndicat des travailleurs de la justice et l’Etat, on en finit par perdre le fil. Car, autant les camarades de Pape Sidy Lô promettent de combattre jusqu’à leur dernier souffle pour rentrer dans leurs droits, autant le ministre de la Justice, Amadou Sall, pense qu’au regard des efforts qu’il est en train de faire, le moins serait que ces derniers cessent de tromper l’opinion. C’est ce qu’il a confié, hier, à l’occasion de son passage devant les sénateurs pour les besoins du vote du « projet de loi n° 10/2010 déclarant l’esclavage et la traite négrière crimes contre l’humanité ».
Convaincu d’être au bon endroit au bon moment, le ministre de la Justice estime que le peuple a le droit de savoir la vérité sur la brouille qu’il y a entre le Syndicat des travailleurs de la justice et leur Ministère de tutelle. Et c’est justement parce que le Parlement est la représentation populaire, la représentation citoyenne, qu’il se doit de rétablir la vérité. « Il n’y a pas d’ombre dans mes relations avec le Sytjust. J’ai été nommé le 24 décembre 2009. J’ai pris fonction le 7 Janvier 2010. En quatre mois, j’ai reçu six fois les dirigeants de ce Syndicat et je ne me décourage pas », déclare Amadou Sall. Avant d’ajouter? : « devrais-je les recevoir 50 fois, je les recevrais 1000 fois. Et je ne m’offusque pas parfois d’entendre des propos injustes à mon endroit ».
Me Sall de révéler que le statut?devait être évoqué à la dernière réunion du Conseil des ministres qui ne s’est pas tenue, parce que le président de la République était absent du territoire.
Le fonds commun des greffes est déjà créé et il sera cette année de 1,4 milliard
S’agissant du fonds commun des greffes, le ministre de la Justice soutient qu’il a déjà été créé. « Les greffiers ont demandé pour la gestion transparente de ces fonds qu’un registre de recettes soit créé. J’ai demandé au ministre des Finances qui en a la compétence de le créer et il est en train de le faire. Ce n’est pas ça qui est le plus important, parce que le fonds commun des greffes, c’est moi le Garde des Sceaux qui en fixe le montant, tous les ans. Je l’ai fixé cette année à 1 milliard 400 millions F Cfa ». Le Comité qui gère ce fonds, renchérit-il, « est présidé par le Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage) du Ministère de la Justice ; et pour l’essentiel, il est composé de greffiers même s’il n’est pas encore tout à fait créé. Jusqu’au moment où je vous parle, on n’a nulle part dit qu’il y a manque de transparence. C’est de l’argent qui est destiné aux greffiers, c’est de l’argent qui ira à eux ».
Me Amadou Sall exhibe des bulletins de salaires pour « prouver » que les greffiers bénéficient d’une indemnité de judicature
Pour l’indemnité de logement aussi, selon ses dires, il n’y a pas de discussion possible. « Il a été adopté et j’ai ici avec moi des bulletins de solde de greffiers. Tous les mois, l’indemnité de logement leur est payée. Il y a une indemnité de participation à la judicature, qui était payée et que les greffiers voulaient formaliser. En son temps, on avait dit que ce n’était pas possible. Mais, après recherche, il s’est révélé que même cette revendication était sans objet. C’est bien après qu’on s’est, des deux côtés, rendus compte qu’on s’était tous trompé. Parce que la prime de participation à la judicature existait déjà (et j’ai là, devant moi, un décret qui l’atteste), le montant mensuel est fixé ainsi qu’il suit? : greffier en chef? : 100.000 F Cfa, greffier 75.000 francs, secrétaires de greffes, de parquets et interprètes 50.000 F Cfa. Alors que ce texte existait en 2003, en 2009, une revendication est faite, exigeant une indemnité de judicature, qui existait déjà. J’ai ici avec moi deux bulletins de solde? : le bulletin de solde d’un greffier en chef et celui d’un greffier de base. Et l’indemnité de judicature du greffier en chef, aujourd’hui, est fixée à 150.000 F Cfa. Elle est à 140.000 pour le greffier de base, au lieu de 75.000 F Cfa initialement dans le décret ».
Les menaces à peine voilées de Me Amadou Sall
Toutes choses qui le poussent à dire que le tableau peint par les greffiers, depuis quelque temps, est très loin de la réalité. Il faut bien, insiste-t-il avec force, « que l’on me dise où se trouve le problème. Depuis pratiquement trois mois, on entend partout les Syndicats de la Justice revendiquer leurs droits, alors que leur indemnité de judicature leur est payée, celle de logement aussi. Le gouvernement s’est trompé de bonne foi, eux aussi se sont trompés de bonne foi. Je les ai reçus six fois et je les recevrai demain (aujourd’hui) pour la septième fois.
Très remonté, Me Amadou Sall lâche? : « L’entêtement ne mène à rien. Il faut être responsable. En tout cas, le gouvernement prendra toutes les dispositions pour assurer la continuité du service public, afin que la justice puisse être permanente. Seulement, il arrivera un moment où on s’arrêtera. Il arrivera un moment où il ne restera plus, pour le gouvernement, qu’à appliquer la loi? ; et à ce moment-là, il fera le nécessaire ». A bon entendeur? !
Madou MBODJ
lasquotidien.info